JOE BONAMASSA: Redemption (2018)
Tiens ! Joe Bonamassa sort un nouveau disque. Pas de surprise ! Il nous refait le coup de l’album « fourre-tout ». Là encore, pas de surprise ! Je sais, je sais, il en faut pour tous les goûts. Et puis, ratisser large permet d’optimiser les ventes. Comme d’habitude, le père Joe se lance dans un patchwork musical sans réel fil conducteur et qui se révèle assez banal. On a le droit à presque tout. Du blues-rock arrangé avec des cuivres (« Evil mama », « Molly O’ ») et du shuffle rapide (« King bee shakedown »). Des chansons pop (« Deep in the blues again » au titre mensonger, « Black roses »). Du Chicago blues (« Love is a gamble »), du jazz « bastringue » (« Pick up the pieces ») et même du country-rock (« The ghost of Macon Jones », interprété avec le chanteur de country music Jamey Johnson). Du rhythm’n’blues cuivré à la BB King avec « Just ‘cos you can don’t mean you should » (quand Joe aura compris que le seul Blanc qui ait réussi dans ce style était le regretté Gary Moore, on aura peut-être la paix). L’intro de « Redemption » redonne un petit espoir avec son dobro. Malheureusement, le morceau continue en blues-rock classique avec des chœurs (!) et une guitare wah wah qui s’envole sur une montée de violons. Très bizarre ! Pourtant, quand Joe Bonamassa se la joue intimiste, seul avec sa six-cordes acoustique sur un fond d’orgue, le résultat est plutôt agréable comme en témoigne « Stronger now in broken places » (dont l’autre version orchestrée était sans doute dispensable). Le titre lent « Self-inflicted wounds » peut aussi séduire avec son bon son de guitare. Mais c’est la ballade « Somewhere down the road » qui décroche la timbale avec un bon solo de gratte qui va à l’essentiel sans démonstration technique intempestive. Quand on écoute cette chanson et aussi la version acoustique de « Stronger now in broken places », on se dit que Joe Bonamassa aurait dû cibler le style pop-folk. Non, ce n’est pas de l’humour ni du sarcasme mais la vérité : Joe excelle dans le registre folk. Oui, Joe Bonamassa possède une sacrée technique. Mais pour le reste… Bien que ce « Redemption » ait été concocté avec l’aide du gratin des compositeurs de Nashville, et malgré la présence de Reese Wynans (l’ancien clavier de Stevie Ray Vaughan), l’album manque sa cible encore une fois par manque d’émotion. Avec Joe Bonamassa, c’est toujours pareil. Comme je l’écrivais en début de chronique : pas de surprise ! Trop propre, trop lisse. Trop de solos exécutés avec l’habileté d’un chirurgien dépourvu de sentiments. Même sur le solo de slide de « King bee shakedown », il n’arrive pas à jouer cradingue. Alors, comme d’habitude, les adorateurs du guitariste en smoking vont se prosterner devant cette production aseptisée. Pas de surprise ! Les plus modérés soulèveront une paupière et se contenteront de dire : « Tiens, encore un nouvel album de Joe Bonamassa. » Pas de surprise ! Quant aux autres, ils bouderont ce disque destiné aux lycéennes et ils se replongeront avec délice dans la discographie de Johnny Winter, de Stevie Ray Vaughan et de Jeff Healey. Pas de surprise ! Et pour ceux qui voudraient se trouver un vrai « guitar hero » encore en vie et pas proche de la retraite, les noms ne manquent pas. Walter Trout, Kenny Wayne Shepherd, Larry Miller (dont la remise en forme dure plus longtemps que prévu), Sean Chambers, Albert Castiglia, Big Jon Atkinson, David Gogo, Lance Lopez, notre Fred Chapellier national et j’en passe.
Keep the feeling alive !
Olivier « pas de surprise » Aubry